BAISSES DES VENTES EN RESTAURATION AU PAYS: MTY N’EST PAS ÉPARGNÉ
NATHAËLLE MORISSETTE LA PRESSE
Le Groupe d’alimentation MTY, que l’on retrouve notamment derrière des restaurants comme Mikes, Ben & Florentine, Bâton Rouge ou encore Tiki-Ming, a connu une baisse de son chiffre d’affaires de 30 % pour ses enseignes situées au Canada au cours de son quatrième trimestre, dont les résultats ont été dévoilés jeudi. Les restrictions liées à la crise sanitaire forcent l’entreprise à revoir sa stratégie concernant ses emplacements situés dans les tours de bureaux et les foires alimentaires.
Les temps sont visiblement durs pour la restauration au pays. Selon des données révélées par Statistique Canada, jeudi, les ventes en restauration ont diminué de 28,2 % en 2020 par rapport à 2019. Le Québec est la province la plus touchée avec une baisse de 31,3 %, suivie de l’Ontario avec 31,1 %.
MTY, de son côté, n’a pas été épargné par ces baisses. Chez nos voisins du Sud, toutefois, le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 4 %. « Aux États-Unis, à part la Californie et la ville de New York, c’est pas mal business as usual », souligne Éric Lefebvre, chef de la direction de MTY, ajoutant dans la foulée qu’il y a beaucoup plus de restrictions de ce côté-ci de la frontière. « Au Canada, c’est quand même une part vraiment importante de nos revenus qui viennent des foires alimentaires, des tours de bureaux ou des restaurants avec service aux tables. Au Québec, on pense à Ben & Florentine, Allô ! Mon coco, Bâton rouge, Mikes, tous ces restaurants-là sont amputés d’une grosse partie de leurs revenus. »
Et le télétravail, qui est presque devenu la norme depuis le début de la crise, oblige le groupe à s’interroger sur l’emplacement de ses établissements et de ses comptoirs. « C’est sûr qu’on va réévaluer tout ça, affirme M. Lefebvre. Le taux d’occupation dans les bâtisses des centres-villes va baisser beaucoup. Il faut s’adapter à ça. Les foires alimentaires, présentement, c’est à peu près 15 % de nos emplacements, donc ce n’est pas une grosse partie de notre porte-folio, mais c’est une partie quand même importante. »
« Il faut revoir le modèle économique en ce qui concerne les coûts d’occupation, principalement les loyers qui étaient très, très élevés, ajoute-t-il. Peut-être qu’à partir de maintenant, on va être obligés de négocier plus serré avec nos bailleurs, sinon le modèle économique ne fonctionne plus. »
BANLIEUE ET VENTES EN LIGNE
Bien avant la pandémie, MTY misait déjà sur la banlieue pour y établir ses enseignes. Avec les centres-villes presque déserts, et la popularité des restaurants de proximité, cette tendance devrait s’accentuer. « Notre croissance ne venait pas des grands centres urbains, elle venait plus des banlieues », souligne le patron du groupe.
« La business de proximité est là pour vrai, surtout dans un contexte où on va avoir beaucoup de commandes pour emporter. Ça augmente rapidement. Donc, la proximité va être importante dans le futur. »
— Éric Lefebvre, chef de la direction de MTY
Dans cette optique, on souhaite miser davantage sur les ventes en ligne. Celles-ci ont d’ailleurs connu une croissance au cours de l’année 2020 pour l’ensemble des établissements (Canada et États-Unis), pour atteindre 636,4 millions de dollars, soit 19 % du chiffre d’affaires, comparativement à 199,2 millions de dollars ou 6 % en 2019.
Éric Lefebvre reconnaît toutefois qu’il reste beaucoup de travail à faire au Canada. « On a beaucoup de technologies différentes dans notre réseau. C’est sûr qu’on a des investissements technologiques à faire. S’il y a une chose qui nous déçoit de notre année, c’est au niveau des ventes en ligne au Canada, où on pense qu’on pourrait faire mieux. On travaille fort là-dessus, assure-t-il. Il y a beaucoup de projets en branle pour améliorer ça. »
D’ailleurs, les restaurants Yuzu Sushi, l’une des marques qui ont connu une croissance de leurs ventes au cours la dernière année, ont également bien performé au chapitre des ventes en ligne. « On a des enseignes où tout est en place, comme Yuzu, les ventes en ligne sont en feu », dit-il.
Un service à l’auto plus répandu et la possibilité pour les clients de commander directement sur leur téléphone font également partie des projets à l’étude pour les établissements de MTY.
GROUPE D’ALIMENTATION MTY
– Chiffre d’affaires au quatrième trimestre : 891,4 millions, une diminution de 13 % par rapport à la même période en 2019
– Revenus au quatrième trimestre : 127,2 millions, comparativement à 156,8 millions lors du quatrième trimestre précédent.
– Nombre d’établissements (30 novembre 2020) : 7001 établissements en activité, dont 113 exploités par la société, 6867 franchisés et 21 en coentreprises
– Répartition géographique des établissements : États-Unis (55 %), Canada (38 %) et international (7 %)
BAISSES DES VENTES POUR L’ENSEMBLE DU SECTEUR DE LA RESTAURATION AU CANADA EN 2020
– Baisse totale au Canada : 28,2 %
– Québec : diminution de 31,3 %
– Ontario : diminution de 31,1 %
– Colombie-Britannique : 25,4 %
– Alberta : 24,6 %
– Restaurants à service restreint (sans service aux tables) : baisse de 13,4 % des ventes
– Restaurants à service complet : baisse de 37,5 %
– Débits de boissons : baisse de 47,8 %
Source : Statistique Canada