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L’AVENIR DE DE LA RESTAURATION AU QUÉBEC

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Gilles Trépanier, Restolutions inc. 3 Avril 2020

Essayons de voir dans la boule de cristal ce que sera le futur de la restauration au Québec après la pandémie?   Difficile exercice s’il en est un……

Difficile de prévoir l’avenir..

D’abord, combien survivront?

Il est évident que nombre de joueurs ne pourront se rendre à la ligne d’arrivée, soit la fin de la pandémie.  La durée du confinement aura un impact certain sur le nombre de restaurants qui pourront continuer d’opérer…. Mais combien y parviendront? 

Afin de se faire une idée de l’ordre de grandeur, voyons d’abord ce que les spécialistes prévoient de l’autre côté de la frontière.

La NRA (National Restaurant Association et non National Rifle Association !!!) a récemment publié qu’à ce jour 3 % des restaurants aux États-Unis étaient fermés de façon permanente et que l’on prévoyait un autre 11 % dans les 30 prochain jours…À terme, un devin a prédit que 30 % des restaurants pourraient devoir fermer…. Au dernier décompte, il y avait 660 775 restaurants et 307 940 d’entre eux sont des restaurants faisant partie de chaînes… Si le 30 % était atteint, on parle de la fermeture de 200 000 établissements… Même si le nombre minimum (11 %) s’avérait, on parle quand même de la fermeture de plus de 70 000 restaurants. 

En transposant ces chiffres pour le Québec et son nombre de restaurants en opération (20 737 selon l’ARQ),  on arrive à un minimum de près de 3 000 fermetures et, dans le pire scénario, plus de 6 000…. Plusieurs experts consultés pensent qu’un nombre réaliste se situe quelque part entre ces deux extrêmes… D’autant plus que le pourcentage d’indépendants
(58 %) est plus grand que dans le reste du Canada (40 %) et aux États-Unis (35 %). 

Quel type de restaurant est le plus susceptible de passer au travers de la crise?

On croit que le nombre de fermetures sera plus grand parmi les restaurants indépendants car la position financière des chaînes semble plus solide (mix produit mieux adapté, support possible du bureau chef, pouvoir de négociation plus grand avec les locateurs, congé de royautés, etc.). L’économie en général souffrira de la crise et le pouvoir d’achat diminuera, ce qui entraînera, selon moi, une migration des consommateurs des restaurants plus haut de gamme (majoritairement indépendants) vers les restaurants de chaîne. Les restaurants les mieux positionnés seront ceux qui auront le meilleur positionnement qualité/prix dans les circonstances.   Les consommateurs seront très sensibles au prix…. Également, les restaurants qui auront pu retenir certains clients par leur service de livraison et, par le fait même, auront pu générer des revenus importants quand le temps sera venu de faire le bilan auront un taux de survie supérieur.

Possible changement d’habitudes….

Difficile également de prévoir le comportement des consommateurs à la sortie de la COVID-19. Est-ce qu’ils reprendront les bonnes vieilles habitudes de visiter leur restaurant préféré une ou deux fois par semaine, ou auront-ils développé le goût et l’habileté de préparer des repas à la maison?   Ceci pourrait être un facteur déterminant lors de la reprise….

Est-ce que les gens auront pris goût aux repas à la maison?

Ce qui est certain….

L’industrie ne sera plus la même, et elle pourrait prendre un certain temps à retrouver le dynamisme, la créativité, et la profitabilité d’avant COVID-19.  Il faudra rassurer les clients (la crainte du ou d’un virus restera dans la mémoire des consommateurs un certain temps). Il faudra également modifier les façons de faire…et surtout bien les communiquer.  Assez facile de démontrer un nouvel emballage ou l’efficacité d’un système de livraison.  Mais comment informer sur le soin apporté à la préparation des aliments, les efforts de salubrité en général ou toutes les pratiques qui auront été mises en place pour sécuriser le produit?  Il faudra être créatif et utiliser toutes les plateformes pour bien faire passer le message.

Espérons que les diverses mesures promises par les différents gouvernements aideront à passer au travers de la crise, au plus grand nombre possible d’intervenants de cette si belle industrie qui nous distingue, qui fait notre réputation et qui est un moteur économique important. Malheureusement, la sévérité de la période que nous traversons fera que de nombreuses (le moins possibles espérons) enseignes disparaîtront du paysage québécois…